Usine à étage
Que nous apprennent ces bâtiments les pieds dans l’eau ?
Ces bâtiments rive droite sont élevés sur l’emplacement du moulin originel et au dessus du canal d’amenée. Appelés usine à étage ou encore bloc à étage, ils viennent rompre avec l’image d’Epinal de l’usine que nous avons.
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La définition du mot usine proposé par Emile Littré dans son dictionnaire : « anciennement et proprement machine mue par l’eau » nous permet de comprendre que la Révolution industrielle, la concentration et l’organisation des activités humaines dans un but de production rationnalisée ne date pas du 19e siècle, et de l’arrivée du charbon.
En effet la notion d’usine intervient avec les manufactures concentrées ou encore les usines à étages positionnées la plupart du temps sur l’emplacement de moulin. L’idée étant de rassembler en un même lieu toutes les étapes de productions et de se servir de l’énergie de l’eau (déjà utilisée pour certaines étapes) pour actionner les différentes machines et notamment les métiers. C’est au 18e siècle que les usines à étages vont voir le jour. Elles sont construites concomitamment à l’évolution des technique et notamment la mécanisation.
La force de la roue est démultipliée de manière verticale. La distribution de l’énergie par des poulies, courroies, et arbres à cames, va permettre diriger la force dans les étages et de faire fonctionner des machines en série.
Les étapes nécessitant de l’eau (lavage, teinture, foulonnage), sont réalisées au rez-de-chaussée ou en sous-sol, tandis que le filage, le tissage, les apprêts ou la confection sont réalisés dans les étages. En témoignent les grandes et larges fenêtres, disposées en travées régulières, représentatives de l’architecture des usines à étages permettant des ateliers lumineux.
Cette architecture est très présente à Lodève comme dans de nombreuses autres villes (Saint-Affrique, Mazamet) témoignant d’un passé textile riche et florissant au 19e siècle. Il y a des quantités d’usines à étages de part et d’autre de la Lergue et de la Soulondres. Et pour cause, à Lodève c’est en 1850 que l’on observe le plus grand nombre d’habitants : 12.000.
On peut supposer que ce type d’architecture témoignant des avancées techniques de l’époque mais aussi du mode de production d’électricité intervient au moment de l’âge d’or de la fabrication textile, notamment dans le midi. L’activité textile à façonné nos villes et l’architecture dans laquelle nous évoluons encore aujourd’hui. En effet ne l’oublions pas les usines à étages sont des lieux de production et d’habitation. Il faut loger les ouvriers et les patrons : ce qui donne lieu à de nombreuses constructions de bâtiments d’habitation, de (petits immeubles avec des fenêtres plus petites et hôtels particuliers). Il faut aussi des lieux de culte, et de marché (forail, halle), ainsi que des voies de communication efficaces (routes, ponts puis chemins de fer).
Auteur : Flore Viglieno et Jean-Pierre Henri Azéma
Crédits photo : Xavier Spertini
Sources :
Le Bouldou : morceaux d’Histoire – Bernard Derrieu 2021
Saint Affrique et ses moulins – Jean-Pierre Henri Azema